7 mars 2010

Transposition

Hier soir, j’ai fait simplement ce que tu m’as demandé.
J’ai couché avec mon amant et j’ai pensé à toi.


Nous devions aller prendre simplement un café au bas de la ville mais ta phrase a fait dévier la trajectoire. Tu me proposais un jeu si alléchant, un mensonge si savoureux que je lui ordonnai de m’amener dans un motel sordide. Ceux que l’on peut louer à l’heure, ceux dont l’odeur du sexe est toujours flottante. Endroit pour les baises fulgurantes, passionnément calculées à la minute près.

Il a payé la chambre et signé le registre comme un homme ayant répété ce geste trop souvent. J’ai fixé la dame éteinte à l’arrière du comptoir. Endormie par tous ces faux couples qui défilaient sous ses yeux usés. Je me suis dit que, par charité, je devrais lui proposer ma place. Que je garderais son fort pendant qu’elle se ferait mettre sourire aux lèvres par mon amant. Le seul véritable de sa journée.

Je le suivis docilement me laissant bercé par le cliquetis de la clé entre ses mains. Il semblait joyeux et cela me fit sourire car il ignorait que cette clé ouvrant sur son plaisir, allait me perdre vers toi. Une fois la porte refermée, il n’existerait simplement plus. Porte et passage, vers mon désir te t’imaginer me procurant l’antithèse de ses caresses. Je l’avais décidé ainsi.

Ce fut un long couloir sombre enfermant multitudes de couples émoustillés, emboîtés, scindés, déchirés, éparpillés et divisés par des murs trop minces pour leurs soupirs qui m’indiqua la direction vers toi. Je trouvai le chant d’accueil parfait.

Un cliquetis de serrure m’extirpa de ces murmures envoûtants. Je le regardai une dernière fois, l’observant avant sa disparition. Je lui fis mes adieux en me collant contre lui, descendant mes mains sur ses fesses invitantes pour aller finalement m’étendre sur son entre-jambes. Il s’appuya front contre la porte, soufflant lentement. Je lui demandai de ne plus parler, de garder le silence. Je le voulais muet pour pouvoir entendre ta voix, mélodie basse contre mon oreille. Posséder le son de tes mots. Puis la porte céda, je le quittai.

Tu me projetas contre le mur, sexe magnifique contre moi, m’intimant silence, m’ordonnant respect. Il eu ce long moment d’arrêt ou nos souffles se chevauchant, cherchaient essoufflement chez l’autre. Jaugeant l’excitation, la quantifiant. Tu étais enfin là, avec moi.

Ta main chercha l’interrupteur, je l’interceptai rapidement. Je ne voulais pas te perdre, refusant qu’un autre prenne ta place. L’obscurité allait me permettre de te voir enfin. Agrippant cette main dangereuse, je la déposai sur mon sein gauche, celui qui battait le plus. J’aurais voulu qu’elle s’infiltre à l’intérieur, malaxant mon cœur afin de le faire battre réellement, non pour sa survie mais pour quelque chose de plus. Quelque chose qui m’est inconnue.

Ton autre main s’infiltra sous ma jupe, violente d’une caresse précise sur mon sexe caché de soie. Index qui parcourut l’intérieur de mes lèvres dans un frottement qui expulsa un premier gémissement de mon ventre. Puis vinrent le second et les suivants, ceux qui rejoignirent la symphonie du couloir des soupirs. Je participai enfin à cette chorale primitive et glauque. Mais comme première chanteuse, celle qui a la voix la plus subtile, la plus puissante, la plus mélodieuse. Tu m’embrassas pour me faire taire, je souris contre tes lèvres de ta voracité soudaine. Je te repoussai en te mordant gentiment la langue. Plus violemment, je te projetai contre l’autre mur, t’acculant contre mes intentions. Tu ne gagnerais pas.

Je m’agenouillai devant toi, frottant mon visage sur ton sexe fort. Déboutonnant ta braguette afin de te faire goûter le fruit de mes lèvres. Afin que tu sentes le pouvoir de ma langue. Que tu saisisses que mes mains et ma bouche réunies, formaient un trio implacable. L’humanité ne résidait pas dans leurs gestes, ni dans aucune de leurs caresses. Ils étaient réunis, démons, cherchant le chemin de ta perte. Ils t’avalèrent, t’engloutirent, te dévorèrent jusqu’à ce que tu fléchisses. Le soubresaut de tes jambes m’indiqua que je devais te laisser là, à demi inconscient au bord du gouffre pour que mon plaisir de t’avoir en moi s’accomplisse.

Je t’ai dévêtu, cajoler de ma langue redevenue douce et frivole. Je me suis dévêtue, caressante devant toi. J’ai pris place sur le minuscule divan biais à la fenêtre. L’endroit ou la clarté était la plus présente. Lumière diffuse traversant un rideau clair et mince. Elle tombait ainsi sur ma chair, révélant douceur fausse, enveloppe trompeuse et mensongère. Je remontai mes jambes, m’écartelant au maximum de l’indécence. Te présentant mon sexe humide, t’invitant à venir manger et boire. Comme une pute présentant son menu, ses appâts. Tu étais pour moi ainsi poisson frétillant venant se prendre les lèvres dans mon sexe devenu hameçon, devenu harpon. Celui qui te jetterait hors de l’eau.

J’apercevais ta bandaison sublime et insatisfaite. Te laisser au bord de ce gouffre, n’avait fait que raviver ton besoin de vivre et de mourir.

À ton tour, tu t’agenouillas devant moi sur le tapis rêche. J’espérai voir tes genoux rouges par l’ardeur que tu mettrais à me satisfaire. Ta position inconfortable me fit plaisir. Elle ne souligna que le confort de la mienne. Ainsi rien ne pourrais m’empêcher de chanter, de crier, de hurler. Le défi me motivant par-dessus tout. M’élever au-dessus de ces inconnus et espérant même atteindre cette femme endormie derrière son comptoir, par mon indécence à n’être que jouissance.

Ta langue se présenta dangereuse, je l’aimai pour cela. Rapace, elle se fit insistante sur mon clitoris émoustillé. Tu savais bien le malmener afin de faire sortir en moi ces gémissements de souffrance qui te rendaient plus dure. Quand ton index d’homme me pénétra, mes doigts agrippèrent tes cheveux. Quand ton majeur d’homme rejoignit son collègue, mon bassin se mit à danser sous mes cris. Il demandait la main, le bras, la tête, l’homme en entier à l’intérieur. Pour que tu disparaisses enfin englouti en moi. Ce fut ce déhanchement à te vouloir qui te fit perdre pied, qui raviva ton besoin de prendre ce que je t’avais enlevé sciemment avant. Ton ultime jouissance.

Tu me pris dans tes bras, ramenant mon sexe sur le tien. Enroulant mes jambes sur tes hanches, tu me transportas rapidement dans la salle de bain et ce fut sur l’évier que tu déposas mes fesses. Tu m’écartas les cuisses sans ménagement, me prit par les hanches afin de me pénétrer sans aucune douceur comme j’aime qu’un homme le fasse. J’appréciai cette pièce exiguë où tout résonnait, amplifié. Je ne sais plus combien de coup dont tu m’as pourfendu. Mais chacun de ceux que tu m’as donnés, résonna dans mon cerveau comme un claquement de fouet délectable. Martyrisée par le robinet dans mon dos, je criais à qui voulais l’entendre que j’étais défoncé à en perdre le souffle. Quand tu jouis en moi, je jouis avec toi. Tes mains dans mon dos, s’agrippant pour les derniers soubresauts, ton visage dans mes seins m’annonça ton départ prochain. Mes mains te gardèrent cachés, mon sexe te retenait encore pour que tu ne disparaisses qu’après l’apaisement.

Embrassant tes cheveux, je fermais les yeux puis mes lèvres descendirent sur ton front pour un baiser symbolique car le prochain regard que je croiserais ne serait plus tien.

4 commentaires:

  1. La Tête: L commente ses propres textes...

    SP4M: Et puis ?

    La Tête: C'est spécial...

    L'Pénis: Vos gueules, j'essai de me concentrer !

    RépondreSupprimer
  2. Mon cher SP4M, ne faites pas l'erreur de croire que je commente mes propres textes. Ce n'est pas le cas. Nous sommes deux auteurs à alimenter cet espace virtuel et vous venez de lire une nouvelle de ma partenaire Miss666.

    RépondreSupprimer
  3. C'est une petite perversion, une toute petite Trois El. :) M.

    RépondreSupprimer