6 mars 2010

Stonehenge 2010

La musique jouait fort et les corps qui suivaient le rythme de la basse s'entremêlaient en un chaos infernal et hypnotisant. Plus d'une centaine d'adeptes de ces soirées danse et transe s'étaient donnés rendez-vous ici, une vieille usine abandonnée qu'un promoteur véreux avait rachetée pour presque rien, la louant à fort prix à quiconque cherchait un endroit à l'écart pour ses activités plus ou moins licites.

Le tableau animé qui s'offrait à tout venant rappelait les fêtes bacchanales qu'on célébrait à l'époque romaine en l'honneur du vin et de la chair transposées dans le monde contemporain des jeunes adultes, la génération X, Y et Z, véritables satyres modernes. L'alcool, la musique et l'érotisme s'amalgamaient pour former le ciment d'un nouveau pacte unissant dans la folie ces rêves et ces espoirs éphémères.

Les haut-parleurs s'élevaient en plusieurs colonnes placées stratégiquement dans l'immense salle afin que leurs effets se combinent et s'amplifient, un collecteur d'énergie ancestrale canalisée pour le seul bénéfice des danseurs présents. La piste devenait un Stonehenge du XXe siècle, avec des haut-parleurs en guise d'obélisques et le rituel païen laissant place à une messe vouée entièrement à la danse.

Deux hommes et deux femmes semblaient être les leaders de cette fête. Ils se trouvaient au centre du cercle formé par les colonnes de son et le reste des corps prenait soin de ne pas empiéter sur l'espace que ces derniers occupaient. Leur corps se balançait au son de la musique, leur tête tournant de gauche à droite au rythme des percussions, les cheveux longs des deux femmes suivant au ralenti ces mouvements brusques et secs comme la vague d'un tsunami qui arrive bien après le tremblement de terre. Leurs bras mimaient une chorégraphie improvisée tandis que leur bassin s'entrechoquait.

Puis, une des femmes se tourna vers l'audience admirative et, au hasard, choisit un homme qui se trouvait près d'elle et commença à l'embrasser goulûment. Ce dernier, nullement surpris de la tournure des événements, lui retourna la faveur en laissant ses mains se balader librement sur le corps de cette inconnue, la déshabillant lentement tout comme elle le faisait avec lui.

L'autre femme qui était au centre entreprit le même manège avec, cette fois-ci, une femme, ce qui déclencha une réaction en chaîne dans la salle. Tous les participants choisirent une personne se trouvant à portée de bras et, l'enlaçant dans une étreinte purement bestiale, plongèrent immédiatement dans le stupre.

La musique ne cessa jamais de jouer, un DJ s'amusant à rythmer les ébats sexuels qui se déroulaient partout sur la piste. Aussitôt assouvis, les corps indistinctement se mettaient à la recherche d'un nouveau partenaire pour poursuivre cette exploration lubrique plus avant. Ici une queue bien dure, là un sein à peine apparent, là-bas l'orgasme d'une femme satisfaite de sentir sa chatte et son cul travaillés de si bonne façon par des mains et une bouche spécialisées dans ce genre de plaisir.

Jamais n’aura-t-on assisté à pareille débauche et jamais n’aura-t-on invoqué les dieux de plus brillante manière. Bienvenu dans l'ère de Stonehenge 2010.

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